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Manger (et boire) à Singapour

Publié le par Yannick

Tout d'abord, laissez-moi m'excuser: cela fait 3 semaines que je n'ai rien publié sur ce blog. La faute à la flemme, sans doute, mais aussi aux montagnes de devoirs en chinois et aux nombreux "readings" à effectuer (le mauvais côté des cours de littérature).

La faute au manque d'inspiration, également. Je ne vais pas vous raconter ma vie jour par jour ou semaine par semaine (cela ne servirait à rien). Je souhaite écrire de petits articles thématiques, mais je n'étais pas certain du thème à traiter ces derniers jours.

J'ai finalement décidé d'aborder le sujet de la nourriture. La raison? Après avoir mangé taïwanais ce midi, je crois avoir essayé tous les "food courts" qu'on peut trouver à University Town (et quelques autres, à droite à gauche, quand j'étais en ville). Je pense donc être à même de vous décrire (un peu) ce qu'il est possible de manger, ce qu'il faudrait essayer (s'il vous arrivait de mettre les pieds ici un jour) et, éventuellement, ce qu'on peut éviter.

1 - Manger au food-court

Dans la plupart des pays, j'aurais commencé par vous dire ce qu'on trouve au magasin. Après tout, je ne suis pas un touriste, mais un résident permanent de Singapour pendant un an et, quand on habite à l'étranger pendant un an (et, a fortiori, quand on est étudiant) on ne va normalement pas au restau tous les jours. Mais Singapour est une ville un peu spéciale. 80% des repas pris par les singapouriens le sont à l'extérieur: la majorité des habitants de la ville ne cuisinent quasiment jamais, et prennent la plupart de leurs repas aux "food-courts" (ce n'est pas mon cas: puisque j'habite au "Tembusu College", je suis inscrit au "meal plan", une sorte de super restaurant universitaire pas cher du tout, et avec pleins de choix exotiques). J'y prend la plupart de mes repas le week-end (quand le meal plan est fermé).

Les food-courts ne sont pas des restaurants à proprement parler. Je les avais succinctement décrits dans un article précédent: de petits "fast foods", centrés sur un type de cuisine particulière. Les prix sont très bas (entre 2 et 5 euros), et un repas au food court suffit en général à me rassasier. Passage en revue rapide des différentes cuisines:

Indien: je commence par ce que je préfère. Bien entendu, et pas plus que concernant n'importe quelle autre cuisine, je ne prétends donner une description précise ou exhaustive de ce qu'est "la cuisine indienne". Grosso modo, elle peut être divisée entre cuisines du Nord et du Sud (l'Inde du Nord, Hindi; et très différente de l'Inde du Sud, tamoule), elle même très hétérogènes régionalement. La cuisine tamoule est le plus souvent extrêmement épicée. Avec le temps toutefois, du fait d'influences mutuelles, les différentes cuisines régionales se sont fondues en un ensemble de plats qu'on peut qualifier d'"indiens" de manière générale. J'adore ces plats, souvent très goûteux et épicés. La plupart du temps, les plats sont constitués d'une viande ou d'un substitut de viande (tofu, ou même fromage; car toutes les principales religions présentes dans le sous-continent indien limitent la consommation de viandes, ou de certains animaux), en sauce, avec un accompagnement de féculents (riz, pommes de terre ou galettes/pains) et de légumes (souvent, champignons ou épinards).

A essayer: -prata: cela ressemble à une galette, mais ce n'est pas n'importe quelle galette. Cette pâte frite accompagnera à merveille tous les plats en sauce dont les indiens sont friands. Et: on en trouve au fromage!!!!! (c'est une des seules façon d'avoir du fromage à des prix abordables ici).
-masala: mon mélange d'épices indiennes préférées. Je n'en connais pas la composition exacte, mais il y a de l'ail, du piment, et pleins d'autres trucs. On trouve du mouton masala, du poulet masala, du riz masala... et tout est délicieux.

-lassi: cette boisson laiteuse, pas trop sucrée, douce et fruitée, fait partie des choses indispensables à commander lorsqu'on se rend pour la première fois dans un food-court indien. D'autant plus que, de toute façon, l'alcool est totalement hors de prix et que les jus sont constitués à 90% de glacons (j'y reviendrai).

Indonésien: je n'ai mangé qu'à deux food-courts indonésiens pour le moment. Il s'agit de la cuisine qui me paraît comparativement la plus proche de la notre (pas systématiquement, mais beaucoup de choses sont à base de riz et de poulet frit). Malheureusement, je ne me souviens des noms d'aucun plat, car tous font au minimum 7 syllabes parfaitement imprononçables.

A essayer: -le tofu frit. Le poulet frit. Tout ce qui est frit. Certes, les indonésiens ne sont pas les seuls à faire frire des choses, mais j'ai l'impression que, quelle que soit la chose que vous commandez au "food court" indonésien, on vous la servira toujours frite, avec du riz (frit, lui aussi). C'est divin (mais mieux vaut ne pas être au régime). En particulier, le tofu, assez insipide d'habitude, devient une merveille légèrement salée et très fondante.

-les sauces à la cacahuète. Là encore, ce n'est pas seulement indonésien, mais je n'en ai pas vu à un autre food court pour le moment. Imaginez du beurre de cacahuète, en un peu plus épais, coulant, sucré-salé, sur votre poulet frit, l'inondant de ses arômes (et de petits morceaux croquants). (oui oui, on peut difficilement imaginer plus calorique, mais ce n'est pas comme si j'avais besoin de perdre du poids).

Malaisien (je précise, on dit bien malaisien, et pas malais. Les habitants de la Malaisie, les Malaisiens, parlent le malais): pour le moment, la cuisine malaisienne que j'ai pu goûter est surtout à base de poisson (pas étonnant pour une péninsule, mais il n'y en pas tant que ça dans la cuisine dite "indonésienne"), et de fruits exotiques. Et les deux peuvent être vraiment bons.

A essayer: -les boules de poisson. Je ne sais pas comment on appelle ça en malais. C'est une spécialité du coin, très populaire aussi à Singapour. De petites boules blanches faite de viandes de poisson, au goût assez fort, et qu'on mange généralement avec une sauce (au soja, au piment, à la noix de coco...)...

-le riz à la noix de coco. Ici aussi, le nom parle de lui-même. Du riz cuit dans de l'huile de coco et du lait de coco. Que demander de plus?

-les litchis malais. Les vrais connaisseurs de ma personne parmi vous savent que ma relation avec le litchi est à peu prêt pareille que celle avec le melon. Je n'aime pas le fruit en lui-même, mais tout ce qui en est dérivé (glace, boisson alcoolisée ou non, sirop, etc...). En tous cas, c'est ce que je pensais jusqu'à goûter au litchi malais, sur un marché ici à Singapour. Il rappelle vaguement le litchi "européen" (en deux fois plus gros), mais parsemé de gros poils noirs qui le font ressembler à un oursin obèse, cachant presque entièrement sa coquille rose. Son goût me fait penser à un mélange de fleurs d'oranger et d'huile de rose (comparable à celui de loukoums, en fait). C'est super sucré, c'est super bon.

"Eastern food": sous ce vocable très générique, on regroupe à Singapour toutes les différentes cuisines chinoises et coréennes. Vous pouvez vous tourner vers ceci si le poulet frit accompagné de sa sauce à la cacahuète, de son riz au curry et huile de coco, et de ses épinards indiens en sauce masala, est un peu trop lourd pour vous (peu de choses frites, peu de viande, beaucoup de soupes).

A essayer: -le ban mian. La soupe de nouilles locales. Un gros bol de bouillon, très copieusement rempli de légumes (oignons, feuilles d'épinard), de poisson, et de différents autres assaisonnements au choix (viandes, oeuf dur, autres légumes...). Souvent difficile à finir (l'eau, ça remplit le ventre).

-le durian. Fruit tantôt haït, tantôt adoré, cette grosse boule hérissée de piquants totalement inoffensifs exsude, une fois ouverte, une odeur si désagréable (elle rappelle la viande en décomposition) qu'elle est interdite dans les transports en commun et la plupart des lieux publics. Mais ne vous laissez pas abuser! Vendu le plus souvent déjà découpées, dans des boîtes en polystirène au supermarché ou dans la rue, les tranches de durian sont fondantes et ont un goût doux et sucré (elles me font en fait penser à de la crème de vanille).

La cuisine "purement" singapourienne: Singapour, où se mélangent les influences culinaires indiennes, malaises, indonésiennes et chinoises, à donné naissance à certains plats typique de la ville. Parmi ceux-ci:

-le laksa. La meilleure soupe qu'il m'ait été donné de manger. Du lait de coco, du poisson, du piment, un oeuf dur, des crevettes... Le tout avec des nouilles et la possibilité d'ajouter des condiments (je conseille les oignons frits). Ce n'est pas très calorique, et en plus, ça ne coûte rien (entre 2 et 3 dollars), donc pourquoi s'en priver?

-"hainanese porridge" et "hainanese chicken rice". Originaires de Chine, mais fortement "adaptés" à la mode singapourienne, ces deux plats sont simples. Le premier est grosso modo constitué de poulet et de riz frit avec quelques épices, et c'est le plat le moins cher que vous pouvez commander au "food court". Le deuxième est fait de porridge salé (je ne pensais pas que j'aimerais ça, mais je me trompais), de viande de porc et d'un oeuf. Presque aussi bon marché, crémeux, et très nourrissant.

2 - et si j'ai envie de cuisiner moi-même malgré tout ça?

La nourriture vendue dans les supermarchés singapouriens est en général moins chère qu'à Paris. Par exemple, du blanc de poulet pour trois personnes se trouvera pour 2 dollars. On peut se fournir en délicieux fruits et légumes dans les marchés (à Little India, mais pas seulement), et, bien entendu, il y a de tout dans les grandes surfaces.

Seuls bémols de l'endroit: -le FROMAAAAGE: j'adore le fromage. Et tout ce qu'on trouve ici au supermarché, c'est du cheddar fade vaguement américain à des prix prohibitifs. En effet, l'allergie à la lactose d'origine génétique est très répandue dans la région, le fromage ne fait absolument pas partie de la cuisine locale (à l'exception notable de certains plats indiens). Si vous voulez votre roquefort ou votre camembert, il vous faudra aller dans des magasins spécialisés, et il est probable que vous vous évanouissiez en entrant (du fait des prix, pas de l'odeur).
-en ce qui concerne les boissons, la politique hygiéniste du gouvernement singapourien fait que l'alcool est extrêmement cher. Comptez 4-5 dollars pour une canette de bière de 30 cl, 15-20 pour n'importe quel cocktail dans les bars/boîtes de Clarke Quay. Je ferai probablement partie des rares étudiants en échange à boire moins durant leur année à l'étranger qu'en France. Les jus de fruits, bien que bons, sont aussi assez décevants ici. Il y a tellement de glaçons dans les verres qu'on nous vend que j'ai l'impression de les finir en 10 secondes (en fait, mettre moins de glaçons dans le verre coûte de l'argent!!).
-enfin, vous trouverez difficilement de vrais desserts ici (des sucreries oui, mais pas de desserts). A l'exception notable de certains gâteaux secs, le concept de la danette ou même du tiramisu semble inconnu de la population. On mange plutôt salé ici, même le matin (bien que les supermarchés vendent des céréales).

Bien entendu, je généralise un peu. Certains singapouriens mangent beaucoup de fromage, et il est en fait possible de trouver de l'alcool à des prix abordables à certaines occasions (le mercredi, les boissons sont souvent gratuites pour les femmes et à prix réduit pour les hommes, dans la majorité des bars ou boîtes).

Voilà! Si je vous ai trop fait saliver, envoyez-moi des photos de fromage pour vous venger ;-) . A la prochaine!

P.S: une petite précision. La plupart des plats décrits comme "indonésiens", "malais" ou autre, se trouvent, sous d'autres noms et formes, dans toutes les cuisines de la région, mais j'ai choisi de les classer dans la catégorie à laquelle ils sont le plus souvent associés.

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R
Courage ! On te poste un paquet samedi !
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